Stockholm, un autre moderne art de vivre...
- Jean Lacroix
- 9 sept.
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 25 sept.
quand les jours s'étirent fin juin 2025 dans la capitale suédoise, loin des canicules du sud.
1- Premières impressions urbaines
Depuis l'aéroport d'Arlanda au nord, trajet rapide en train "Arlanda Express" vers la T-Centralum, station centrale de la ville.
A la sortie du métro Ostermalmstorg, de vastes avenues, quelques rues piétonnes bordées de puissants immeubles de pierre ou de grès de 4 à 7 étages, allure haussmannienne, des XIXème et début XXèmes siècles,...
... décliné d'un peu d'Art Nouveau, ailleurs d'Art Déco, avec des fantaisies néo et des variations sobrement colorées.
Par contre vers l'ouest qui s'élève en pente lente, c'est une froide modernité, architecture sévère, géométrie impeccable, miroiterie glacée.
Même les voiles mollement tendues au-dessus de la rue, ou une statue à la Niki de Saint-Phalle curieusement dérangeante ne parviennent à s'extraire de cette froideur.

Plus réussie, cette haute statue dégingandée. Une sorte de drag queen hypermoderne?

Un quartier plus terne encore sous les nuages.
Car le temps est versatile : fin crachin de brume, puis un beau ciel clair, et le lendemain opaque de nuages gris et lourds ; avec en cette saison des écarts de température, sans excès (entre 15°C et 23°C).
Puis quand le soleil reparaît, tout reprend une vigueur visuelle remarquable.
Le long front de quai de la Strandvagen est une splendeur... même sous les nuages.
La mobilité urbaine recourt à tous les moyens de transports modernes : bateau, métro, tramway, vélos protégés par des pistes cyclables balisées et respectées, et les trottinettes électriques….
Modernisme jusqu'aux paiements : la carte bancaire est reine. Presque impossible de payer en couronnes suédoises, sauf encore aux guichets du métro ou dans de rares commerces.
Les rayons des supermarchés n'offrent les marques internationales habituelles que pour quelques rares produits,… dont le PQ.
Certains produits laitiers revendiqués chez nous comme des innovations scandinaves en sont absents.
Adaptation rapide et nécessaire à de nouveaux repères.
2- Une ville sur îles entre lacs et Baltique
Préjugé trompeur, même au niveau de la mer, Stockholm n’est pas plane.
Un relief modéré épouse les arrondis rocheux de petites collines, hausse les rives, et culmine sur certaines îles.
La configuration des presqu’îles et des îles entre lesquelles l’eau pénètre, multiplie les plans que la perspective écrase, et aère les grands espaces urbains.
C'est partout la tonalité vert-bleu des grands parcs, des squares ouverts,... au bord de l'eau.
L’eau qui est partout, presque étale, sans amont ni aval apparent, en rades, en bassins où les mouettes plongent et pêchent.
Accostées aux nombreux quais, les nefs sont de toutes sortes, de tous acabits, du rafiot au paquebot.
Quand on s'éloigne des quais les plus touristiques, le charme est prenant là où sont accostés les navires de pêches à l'épaisse coque métallique.
L'eau libère l’horizon, éclaire l’espace, mer ou rivière, presque sans repère.
Sur ses rochers usés, Stockholm n'est ni sur un delta, ni sur un estuaire, et cherche la mer sans la trouver : la Baltique est encore à 30 à 40 km vers l’est.

Les îles s’articulent avec le continent par bribes éparses, en aléatoires débris rocheux : 24000 îles dans la région de Stockholm.
La ville elle-même est établie sur 14 îles, là où le lac Mälar à l’ouest rejoint la Baltique à l’est et s’y déverse.
Et sur l’autre rive de la Baltique, quelque 250 km vers l’est, ce sont les trois pays baltes.

L’Estonie au nord borde le golfe de Finlande (300 km de longueur), au fond duquel se tapit… St Pétersbourg la russe.
Sa capitale Tallin fait face à Helsinki, la capitale finlandaise au nord du golfe à 80 km.
La Baltique, une mer à demi fermée par l’archipel danois, dont l'eau est presque douce.
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3- Au "Midsummer", une fête tranquille
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Les trois jours du « Midsummer » autour du 21 juin sont les plus longs de l’année. Et méritent d'être fériés sous ces latitudes septentrionales.
Filles, garçons, personnes plus mûres, se coiffent de couronnes de verdure et de fleurs.
Et paisiblement convergent le soir vers un centre de fête de la ville au nord-ouest.
Mais foin de couronnes! C'est parti, Mesdames, pour la fête...

Stockholm est alors calme, un peu vide, les magasins fermés ; la station de métro Ostermalmstorg est déserte. Il faut paisiblement se délecter de ces très longs jours.
Une calme énergie, un dynamisme naturel, émane de la population, quelle que soit la génération. Un trait culturel qui semble ici une constante.
Le sport est partout, footing, vélo, marche… nordique.
La population, empathique, sourit discrètement -aurait-on reconnu l'étranger?-, attentive à ses voisins quels qu'ils soient.
Pour se situer a minima, l'essentiel des points d'intérêt se situe dans les îles de Gamla Stan ("vieille ville"), Skeppsholmen ("île aux bateaux") et Djurgarden ("le zoo", ici beaucoup plus qu'un zoo), toutes accessibles à pied depuis le quartier "continental" de Nybroplan où est notre hébergement.

En cette saison, c’est donc un Carpe Diem général.
Les grands bancs relaxants king size - un peu raides aux reins - de Riddarholmen (l'île des chevaliers) permettent de savourer le soleil.

On s'allonge aussi sur des blocs de bois ou de béton horizontaux, près de Slussen (la serrure en suédois) au nord de la grande île de Sodermalm.
Les cafés dans les parcs sous les guirlandes d’ampoules sont bondés sans excès ; on profite à toute heure du "fika" (café en suédois, mais pour les amateurs, beaucoup plus qu'un café).
L'un d'eux s'intitule en français "La Terrasse de Vaudeville". Très connoté frenchie, voire parisien ; donc un sommet de séduction?
Canards et autres volatiles guettent effrontément les miettes au pied des tables ou des bancs.
La vraie vie reprend les jours suivants : Ostermalmstorg s’envahit d’un flux rapide de passants aux heures de bureau ; fendre la foule prend des allures d’aventure.
L’indolent trafic des jours précédents s’est accru sans excès, effet de la politique de limitation par paiement de taxes d'entrée dans la capitale pour les véhicules non résidents.
4 L'art urbain moderne
L’art moderne est partout, spécialement revendiqué dans au moins une quinzaine de stations de métro ;
parfois à caractère pédagogique, avec des textes du plus fameux des savants suédois, Linné (Linneus), ou rappelant Newton et sa (grosse) pomme, mais avec plus de sex apple.
reproduisant ailleurs des oeuvres modernes d'un peintre sami contemporain,

dont d'autres belles oeuvres sont exposées dans le musée d'art moderne sur Skeppsholmen.
Un art moderne aussi présent au pied de certains immeubles, au coin des rues.
ou bien spontanées...

Le phare de l'art moderne est le fameux Musée Moderne sur l'île de Skeppsholmen.

A ses abords, on remarque sur les pelouses un étrange ballet d'oeuvres figées, délirantes et bariolées, signées... Niki de Saint-Phalle.
Issues d'un groupe nommé "le Paradis fantastique", elles furent récupérées du Pavillon français de l'Exposition Universelle de Montréal de 1967.
En 1966, à la demande de Pontus Hulten, alors directeur du Moderna Museet, elle y place sa gigantesque oeuvre éphémère intitulée Hon/Elle : le public entrait par le vagin d'une immense Nana couchée sur le dos.

On y venait seul, en couple ou même en famille, sourire amusé ; de sérieuses statistiques font état d'un boom de la natalité de la ville l'année suivante, où l'oeuvre fut détruite .
Le musée rassemble une multitude d'oeuvres très diverses, souvent provocatrices, où l'on retrouve les plus grands dans une présentation toujours agréable, bien documentée.
Un certain art de la décoration puise son inspiration dans cette modernité. Ainsi dans
l'association très réussie entre le béton brut et les parements sophistiqués.
Un exemple, la salle de restaurant de notre hôtel,

5- Visites remarquables, et prévisibles
Marché couvert Saluhall
Depuis l'avenue Strandvagen qui longe les quais, à l'angle ouest du beau Théâtre Dramatique Royal, (le Dramaten) s'élève vers le nord la Nybrogatan (rue se dit "gata" en suédois), une rue semi-piétonne.

A mi-hauteur, près de l'agréable petite place... Ingmar Bergman, deux enseignes françaises se font vis-à-vis, qui semblent ici jouir d'une aura de prestige : Androuet, pour ses fromages ("ost" en suédois) implantée ici depuis ("sedan" en suédois) 1909 , et Le Creuset pour ses fameuses cocottes de fonte.
De nos passés hexagonaux, Stockholm gallophile a aussi aimé nos fourgons Citroën type H en tôle ondulée des années 70-80, qui sont ici enseignes.
La population mêle cols blancs et bourgeoisie aisée, parfois presqu'aussi savamment excentrique qu'à Londres. Près des hôtels stationnent quelques minutes ici et là des voitures de luxe.
Plus haut, le marché couvert public Saluhall (1888) dans son écrin de brique rouge, très apprécié des gourmets prêts à payer plus, encore peu fréquenté au matin, offre une alternative huppée aux repas rapides.
Chaque boutique occupe un stand de bois lustré aux décorations raffinées, et s’associe souvent un micro-restaurant de quelques tables.
Beaucoup d’efforts de qualité, qui se paye, avec une grande variété de produits du monde et des produits locaux, poissons séchés, viande de renne, d’élan, d’ours….
Les terrasses intérieures en surplomb ne sont hélas accessibles qu’à ceux qui consomment.
Un mini-zoo sur l'île de Djurgarden
Un très amusant zoo boréal s'insère sur Djurgarden, au nord du musée à ciel ouvert de Skansen.
Mais l'enclos des coureurs des toundras, les bisons (européens) paraît bien étriqué.
Un élan très orignal somnole, un glouton se faufile à travers des buissons, deux ours facétieux font le spectacle...
Charme de l'île centrale de Skeppsholmen
Oubliant pour l'heure le Musée Moderne, Skeppsholmen charme aussi par une sorte d'invitation à la rêverie, quand on y accède depuis le pont au nord-ouest.
Il rappelle d'abord avec discrètion que la Suède est une monarchie : deux couronnes dorées de belle envergure... trônent sur ses garde-corps.

Les ailes d'une statue moderne s'envolent là vers un très élégant trois mâts immaculé, Le Chapman, qui n'est plus aujourd'hui qu'un bel hôtel flottant en face de l'Amirauté et ses tourelles aigues.
Au nord-est, les quais immergent le promeneur dans le milieu plus authentique de la marine de pêche, où quelques machines surprennent, d'anciennes torpilles, une grue ancestrale, des ateliers.
et celui d'autres rives moins urbaines et plus bucoliques en mini-croisière
Au long des quais, notamment ceux du quartier de Nybroplan, des vendeurs de billets pour les excursions en bateau, des immigrés noirs vêtus de rouge pour la plupart, interpellent avec mesure les passants et tentent de placer leur produit.
Le matin, les files d'attente se forment auprès des modernes guérites des compagnies.
Un tonique circuit d'un peu moins de 2 heures offre un condensé de panoramas de la ville et de ses abords, où l'on se perd un peu dans le labyrinthe des canaux de l'archipel, nez au vent.
Pour une parfaite lecture interactive, sur le parcours aller, puis le parcours retour :
cliquer sur les 3 petits points en bas à droite,
puis sur l'icône "plein écran".
Dans la zone de flou (celle du ?), d'imposantes et historiques bâtisses sur des rochers sauvages, une réserve ornythologique, de romantiques maisons de bois, quelques anses secrètes...
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